Revues de presse

Deux ans de revues de presse

Share

De juillet 2010 à juin 2012, ce sont deux années de partage mensuel de liens, essentiellement des articles de presse, des rapports et des études sur les questions interculturelles et internationales.

Voici donc un florilège de ces deux années avec une sélection de quelques liens pour chaque mois. L’exercice est éminemment subjectif, partial et partiel. Il reflète mes préoccupations ainsi que la façon dont ce blog est alimenté.

Par ailleurs, cette revue de presse a été quotidiennement partagée et commentée au sein du groupe de discussion « Gestion des Risques Interculturels » que j’anime sur LinkedIn (1212 membres à ce jour). Soyez bienvenu(e) si ces questions vous intéressent!

* * *

Juin 2012: Hurler avec les loups, chasser en meute

Le Wall Street Journal mentionne des exemples de malentendus linguistiques et culturels. Ainsi, l’entreprise agroalimentaire Sharwood’s a dépensé des millions de dollars pour lancer en 2003 une nouvelle sauce au curry baptisée Bundh. Un nom bien mal choisi car l’entreprise a été assaillie d’appels d’Indiens du Pendjab pour qui ce nom signifiait « postérieur » (en anglais: arse, le cul donc). En 1927, Coca Cola a réalisé que des négociants chinois avaient transcrit en idéogrammes son nom en cherchant à en reproduire les sonorités mais sans prendre en compte le fait que les idéogrammes en question signifiaient « jument engluée dans de la cire » ou « mordez le têtard de cire ».

Vous lirez avec intérêt – et inquiétude – les résultats d’une étude (ici et , pdf) sur la réalité du DIF (Droit Individuel à la Formation), un système mis en place en 2004 pour favoriser la formation continue dans le public et le privé. Alors que le système existe depuis huit ans, 47% des salariés n’ont jamais utilisé leur droit à la formation :

« Or, un tiers des salariés ne connaissent pas le niveau de leur crédit d’heures de formation cumulées, ou encore les formations qu’ils peuvent suivre. Ils ignorent aussi que le choix de la formation doit se négocier entre salarié et employeur, et que ce dernier peut refuser autant de fois qu’il le souhaite. »

Mai 2012: “Voici une erreur intéressante”

Depuis plusieurs mois, la revue de presse publiée sur ce blog se fait l’écho des nombreux articles sur les migrations économiques des ressortissants des pays européens les plus touchés par la crise (voir également L’Europe en crise et la fuite des cerveaux). Comme le montre Slate, l’Allemagne est ainsi devenue la terre d’asile de l’Europe en crise :

« Sur les 381 000 étrangers qui se sont installés en Allemagne au premier semestre 2011 –soit un cinquième de plus par rapport au premier semestre 2010–, la part de ressortissants européens a bondi de près de 30%. Et en particulier celle des Grecs, qui sont 4 880 à être venus s’installer en Allemagne sur cette période, ce qui représente une envolée de 84% par rapport à l’an passé, et des Espagnols, avec 4 890 arrivées, soit une augmentation de 49%. »

Avril 2012: Carences en abondance

Selon une étude menée auprès de 4 000 salariés français et 1 500 salariés de cinq autres pays européens par Ipsos et Logica, les salariés français détiennent le record d’Europe de la démotivation et des attentes salariales. Parmi les principaux motifs d’insatisfaction des salariés français se trouvent le manque de reconnaissance, une rémunération jugée trop faible (à 68 %) et la charge de travail.

Une étude LinkedIn portant sur 2000 personnes dans huit pays a mis en évidence un autre facteur de malaise chez les professionnels français: la situation de négociation. Ainsi, ils sont 37% à se sentir angoissés ou à avoir peur à l’idée de négocier. Au contraire, les Indiens sont les plus confiants dans cette situation : 47% ressentent de l’assurance quand ils doivent négocier. C’est que la négociation est une culture en soi. Rappelons ainsi qu’un Indien ordinaire doit négocier dans sa vie quotidienne plus de 500 fois par an…

Mars 2012: Génération émigration

Lafarge, le groupe français de matériaux de construction, s’efforce d’intégrer les particularismes culturels dans ses activités en Inde. Dans le Figaro, on peut lire quelques exemples de ces efforts d’intégration dans le paysage indien :

« Pour tirer son épingle du jeu dans ce pays atypique, Lafarge a adopté les mœurs locales. Il fait des campagnes de pub télé avec la star du cricket indien, Mahendra Dhoni. Une façon de toucher le grand public qui, ici, achète souvent du ciment en direct. Surtout, le groupe adapte son produit aux attentes du marché national. Il livre notamment depuis quelques mois du béton en seau à un petit entrepreneur de Bombay qui bâtit des maisons à bas coût dans les bidonvilles. Un vrai service destiné à être étendu car les camions livrant habituellement le béton accèdent difficilement dans les «slums». »

La crise économique en Europe peut avoir des effets surprenants, par exemple un regain d’intérêt des jeunes Européens pour la langue allemande. Ainsi, si l’Europe n’apprenait plus l’allemand, elle s’y remet avec la crise, notamment dans l’Europe du sud-ouest où les instituts Goethe ont connu en 2011 une hausse de leur fréquentation de 18,2% par rapport à 2010. La hausse atteint 25% en Espagne, avec un pic de 27,65% à Madrid. Ce sont les plus fortes progressions dans le monde.

Février 2012: Le combat des voraces et des coriaces

Les minorités sont moins visibles aujourd’hui dans le monde politique qu’à d’autres époques. C’est ce que nous apprend l’historien Pascal Blanchard dans un entretien accordé à Libération à l’occasion de la sortie de La France noire :

« Le premier député noir a été élu en 1793 ! Il y avait 46 Noirs à l’Assemblée nationale en 1950. A ce niveau-là, ce ne sont plus des exceptions. Aucun membre de l’UMP ne sait que le premier maire noir de France, Raphaël Elizé, a été élu en 1929 à Sablé-sur-Sarthe, la ville de François Fillon ! Et qu’on ne me parle pas de communautarisme ! Ce vétérinaire était le seul Noir de la commune, avec sa femme. Qui se souvient encore que Gréville-Réhache, un Antillais, est devenu vice-président de l’Assemblée en 1904 ? Comment ? En battant Jaurès pour le poste du perchoir ! J’en ai parlé à François Hollande : il y a plus d’un siècle, lui ai-je rappelé, les socialistes n’avaient aucun problème pour donner plus de voix à un Noir qu’à Jaurès. […] Où en est-on aujourd’hui ? Il n’y a qu’un seul maire noir en France, et une seule députée, George Pau-Langevin, en dehors des représentants des DOM-TOM. On a régressé. »

Janvier 2012: Décompositions, recompositions

Le vote par l’Assemblée d’un texte de loi condamnant toute négation d’un génocide a provoqué de vives tensions entre la France et la Turquie. Voyez la réaction d’un journaliste turc du Monde : Bataille mondiale sur les normes. Les normes dont il est question sont les références culturelles et historiques. L’un des enjeux du débat concerne en effet la remise en question de l’appareil normatif occidental tel qu’il s’est imposé au monde :

« Pendant des siècles, l’Européen, assimilé à l’Occidental, a tenu la plume du livre de l’histoire du monde. Désormais, les pays émergents, dont la puissance rivalise avec les Occidentaux, tiennent au nom d’une solidarité entre humiliés à lutter contre la domination euro-américaine en revendiquant une autre fabrique de l’Histoire fondée sur la grandeur d’un âge impérial révolu mais sublimé, présent, mais revisité. »

Décembre 2011: Du cerveau au kebab

Une expérience intéressante menée par le département de psychologie de l’université de Glasgow a montré combien la culture influence le cerveau, et plus précisément la structure de la perception. La reconnaissance des visages n’est pas universelle mais culturellement déterminée :

« Ainsi, par exemple, des adultes Occidentaux et Orientaux ne perçoivent pas les visages de la même façon. Alors qu’en Occident nous nous focalisons sur les traits qui composent un visage, les yeux et la bouche en particulier, en Asie, les visages apparaissent dans leur globalité : le regard se pose sur la partie centrale du visage. »

Le Monde analyse le faible poids des MBA en Allemagne, surnommés « Mediocre But Arrogant » ou « Management by Accident ». On apprend ainsi dans cet article que 80% des dirigeants allemands sont issus de la promotion interne. Si l’on croise cette information avec les 25% des patrons français passés par le service de l’Etat et 51% qui sont issus des grandes écoles, il n’est pas difficile de concevoir les défis de la coopération entre dirigeants français et allemands.

Novembre 2011: Sortir du dualisme

La Paristech review a mis un ligne un entretien intéressant avec Oded Shenkar au sujet de son dernier livre : Copycats, qui a pour thème les vertus de l’imitation. Le dualisme qu’il s’agit de dépasser ici concerne l’opposition imitation/innovation. Oded Shenkar pointe la survalorisation de l’innovation qui a pour effet de dévaloriser l’imitation. Or, cette dernière a présidé à de nombreux succès économiques. Il cite comme exemples Apple, Microsoft, Visa, Wal-Mart ou McDonald’s qui ont su reprendre et améliorer des concepts initialement développés par d’autres.

« D’une certaine façon, mon livre est un appel à dépasser la vieille opposition entre imitation et innovation qui, me semble-t-il, a cessé d’être opérante. Mais cela n’a rien d’évident, tant est puissante la valorisation culturelle de l’innovation. Aux Etats-Unis en particulier, nous nous voyons constamment rappeler la nécessité d’innover, et, dans le contexte de la crise actuelle, l’innovation est donnée comme la solution à tout. Cela conduit à une sorte de fiction, une représentation faussée du monde économique, où l’on ne perçoit que ce qui va dans ce sens, en négligeant le reste. »

Octobre 2011: De la fuite dans les idées

Etranges, les Japonais en réunion: ils ferment les yeux quand quelqu’un s’exprime et semblent somnoler. Voilà qui irrite profondément les hommes d’affaires américains. Ils doivent alors lire cet article : Pourquoi les Japonais ferment les yeux en réunion? Fermer les yeux n’est pas un signe d’inattention, bien au contraire. Les Japonais se concentrent mieux en se débarrassant de la pollution visuelle qui distrait leur attention. Il s’agit aussi d’un repli à la fois poli et stratégique :

« Contrairement aux Américains, les Japonais n’ont pas l’habitude de soutenir du regard les personnes en train de parler. Il n’y a absolument aucune atteinte ou connotation négative sous-jacente lorsqu’ils ferment les yeux. […] Cette posture est en réalité une façon pour eux de ne pas laisser transparaître des signes d’approbation, de désapprobation, d’intérêt ou de désintérêt. Ils restent ainsi le plus neutre possible. »

Septembre 2011: Radiographies culturelles

L’article L’hôpital face à l’interculturel : le choc républicain est lui-même une synthèse d’une radiographie de plus vaste ampleur sur ce sujet. Il résume les résultats d’un mémoire de master 2 en management interculturel sur le sujet : Cinq hôpitaux et leurs équipes multiculturelles : des outils de gestion limités par l’idéal républicain ?

La question de l’interculturalité à l’hôpital est un sujet rarement abordé. Je l’ai pour ma part traitée sous l’angle de la relation médecin/patient dans Pratiques interculturelles en milieu hospitalier. Ici, les auteurs de ce mémoire mettent en évidence cette dimension entre soignants eux-mêmes. Leurs analyses rejoignent certains constats établis dans ce blog, par exemple :

« Les outils de gestion sont neutres, nous dit-on, et l’universalisme à la française, le garant d’un traitement égalitaire. Nous voilà doublement protégé contre une analyse des politiques de ressources humaines dans le champ des relations professionnelles. Or, ceci ouvre la voie à l’immobilisme managérial en matière d’internationalisation du personnel hospitalier […] »

Août 2011: Eté indien, ombres chinoises

Slate raconte comment Apple est devenu « communiste » pour conquérir la Chine. Il existe actuellement quatre Apple Store en Chine et ce sont les plus performants au monde, avec 40 000 visiteurs par jour. Les bénéfices d’Apple en Chine ont grimpé de 600% de 2010 à 2011, pour atteindre un total 8,8 milliards de dollars pour les trois premiers trimestres de 2011.

Pour parvenir à de telles performances, Apple a dû modifier son discours et son positionnement. En pays communiste, il n’est pas envisageable de susciter l’adhésion en se présentant comme une entreprise anticonformiste et « rebelle » qui incite à « penser différemment » (« Think Different »), avec comme icônes en 1997 le Dalaï-lama et Martin Luther King. Apple se positionne donc radicalement en Chine comme symbole de luxe. Emplacement des magasins près des boutiques de haute couture, choix des couleurs et des matières, discours sur le sentiment d’exclusivité des propriétaires de produits, Apple est un symbole de distinction sociale en Chine.

Juillet 2011: Minorités sur un mode majeur

L’influence se déploie également par le biais de la culture populaire, et en premier lieu par le cinéma. Dans Hollywood, faiseur d’Histoire, il est manifeste que la réécriture de l’histoire par l’industrie cinématographique américaine induit par là même une perception différente – et donc une connaissance biaisée – de l’histoire, plus conforme aux intérêts américains. A propos du film Forrest Gump, l’auteur de l’article observe ainsi que dans ce film « toute l’histoire des minorités et de leurs luttes politiques sont non seulement minimisées, mais les rares références qui y sont faites tendent à les ridiculiser ».

Hollywood est également rompu à l’influence économique. Le dernier épisode de la série de films Transformers a donné lieu à de multiples placements de produits… chinois. Ainsi, l’un des robots du film se transforme en ordinateur de la marque chinoise Lenovo. Un écran plat TCL est montré dans une scène. Le nom d’une marque chinoise de produit laitier est également mentionné dans les dialogues.

Juin 2011: Chine tonique et gueules de bois

Une étude sur l’expatriation fait apparaître une réelle déception des expatriés dont l’expérience acquise à l’étranger est peu reconnue par leur entreprise. 28% d’entre eux ont bénéficié d’une prime à leur retour. 42% vivent difficilement la période de réadaptation, ce qui en poussent 47% à changer par la suite d’employeur. Cette proportion s’élève à 62% pour les expatriés originaires d’Europe de l’Ouest.

Ces mauvais résultats s’accordent avec ceux de l’enquête menée par GMAC Global Relocation Services en 2008 qui montrait que 27% des expatriés de retour quittaient leur entreprise dans l’année suivant leur retour, 25% entre la première et la deuxième année et 23% après deux ans. Il est plus qu’urgent de développer une approche professionnelle du retour d’expatriation sous peine de perdre des talents et des retours d’expérience souvent difficilement remplaçables.

Mai 2011: Travers culturels

Dans Les Echos, vous lirez l’intéressante contribution de Pascal Monpetit, spécialiste du management interculturel : Les outils de management anglo-saxons inadaptés à la France. Il met notamment en garde contre ce travers qui consiste à importer aveuglément en France les concepts et pratiques du management américain. Par exemple, l’organisation matricielle qui implique un partage du pouvoir ne fonctionne pas en France. Par ailleurs, il estime le marché du conseil interculturel à 4000 journées de formation par an, ce qui est « ridicule par rapport aux centaines de milliers de cadres qui sont impliqués dans des joint-ventures, fusions et acquisitions ».

Quand il est question de tensions culturelles, il semble inapproprié de faire référence au Québec, souvent présenté comme un modèle d’interculturalisme. Et cependant, dans Le Devoir, Jack Jedwab, directeur général de l’Association d’études canadiennes, met à mal cette vision idéalisée dans une contribution intitulée Le mythe du Québec interculturel. Il revient sur l’importante distinction entre multiculturalisme et interculturalisme : « […] l’approche multiculturelle encourage les minorités ethniques à préserver leurs cultures d’origine tandis que l’interculturalisme priorise le dialogue entre divers groupes. »

Avril 2011: Culture des cultures

Si loin, si proches, en Corée même. Le royaume (autrefois) ermite s’ouvre de plus en plus au monde et à la présence d’étrangers en Corée. Mais la culture de ces derniers reste souvent une abstraction pour les Coréens, d’où l’intéressante initiative de la municipalité de Séoul qui vient de recruter 100 expatriés afin d’enseigner la culture et l’histoire de leur pays dans les écoles primaires. Une démarche qui mériterait d’être reproduite de façon systématique dans bien des pays…

Si proches, et pourtant si loin, culturellement. C’est le sentiment que l’on a en lisant Nucléaire et psychologie : les Japonais contiennent leurs émotions…pas nous sur le site Cafebabel. Les analyses de cet article rejoignent celles faites sur ce blog : Les Japonais ont peur, les Français paniquent qui ont rencontré un surprenant écho au Japon ces deux dernières semaines avec un trafic important sur ce blog.

Mars 2011: Des Barbie en Chine, des talibans poètes et la cinquième saveur du Japon

La revue de presse du mois de janvier (Coups et contrecoups) se faisait l’écho des déboires en Chine de la chaîne américaine de magasins de bricolage Home Depot. A présent, c’est Mattel qui ferme son magasin Barbie Store de 3300 m2 à Shanghai, le plus grand au monde. La raison principale tient tout simplement au manque d’intérêt pour la poupée Barbie dont les mensurations ne correspondent pas au physique des Chinoises. Il est surprenant que de grands groupes aient encore l’illusion que le marché chinois ne nécessite pas d’adaptation particulière.

Signalons un article du site de médias américains PBS : Poetry as a Weapon of War in Afghanistan (La poésie comme arme de guerre en Afghanistan). Il s’agit d’un entretien avec Thomas Johnson, directeur de programme pour les études Culture et Conflits à l’U.S. Naval Postgraduate School. Celui-ci note l’importance fondamentale de la poésie, du chant et de la musique dans la culture orale afghane afin de véhiculer un message et de susciter l’adhésion à un point de vue. Or, les talibans sont maîtres en la matière. D’où la nécessité pour les Américains d’en comprendre les ressorts pour retourner ces « armes » à leur avantage.

Février 2011: Aveuglements et rayons de lumière

Alors que les pays européens se crispent autour de la question multiculturelle, l’Australie vient d’adopter le 16 février une nouvelle politique du multiculturalisme. L’objectif est de permettre à chacun de pratiquer ses traditions et sa langue dans les limites de la loi australienne. Depuis 1945, sept millions d’immigrants sont venus en Australie (qui compte 22,5 millions d’habitants aujourd’hui). 44% des Australiens soit sont nés hors du pays, soit ont au moins un parent né hors du pays. « L’objectif du gouvernement est de promouvoir l’unité, l’harmonie et les valeurs démocratiques par une politique fortement multiculturelle. » Voilà qui se rapproche du modèle du Canada, autre pays d’immigration. Par ailleurs, cette politique vise également à encourager les relations commerciales entre l’Australie et les pays d’origine de ses immigrants.

Particularismes européens, avec Presseurop qui traduit de la presse polonaise un article très intéressant sous le titre Plus belle la vie ailleurs. Il aborde la question de l’expatriation sous l’angle de l’émigration. En effet, il y a depuis quelques années une évolution dans les motivations des candidats au départ. Les nouveaux expatriés partent de plus en plus par lassitude de leur propre pays. Ainsi, aux Pays-Bas, 120 000 personnes ont quitté définitivement le pays en 2008. Un Néerlandais sur trente envisagerait de partir. Il en va de même avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, respectivement 400 000 et 165 000 départs en 2010, des chiffres inédits. D’où une inquiétante fuite des talents et le besoin grandissant d’immigrés pour remplacer ces pertes. Le problème est que ces derniers ne compensent pas les départs sur le plan des compétences.

Janvier 2011: Coups et contrecoups

Des coups pour Home Depot – la chaîne américaine d’équipement de la maison et de bricolage – qui quitte la Chine. Les Américains ont négligé le fait que la culture du do-it-yourself (faites-le vous-même) est inexistante en Chine où, même si l’on a de faibles revenus, on préfèrera payer des ouvriers plutôt que d’aménager et réparer soi-même son habitat. De plus, les Chinois ne voient pas l’intérêt d’acheter des outils qui prendront de la place à entreposer dans leur logement peu spacieux.

Avec l’article China’s Army of Graduates Struggles for Jobs (L’armée chinoise des diplômés en lutte pour l’emploi), le New York Times propose un très intéressant reportage sur les contrecoups subis par les jeunes diplômés chinois suite à la spectaculaire émergence de la Chine. Deux informations permettent de prendre conscience des défis rencontrés par la jeunesse chinoise pour intégrer le marché de l’emploi :

  • Quand Jiang Zemin a annoncé en 1998 des mesures pour stimuler l’éducation et les universités chinoises, il y avait alors 830 000 diplômés chaque année. En mai 2010, il y en a eu plus de 6 millions, et ce nombre est en constante augmentation.
  • Entre 2003 et 2009, le salaire moyen des travailleurs migrants débutants a augmenté d’environ 80% tandis que, sur la même période, le salaire des jeunes diplômés débutants est resté identique, et a même baissé si l’on prend en compte l’inflation.

Décembre 2010: Afflux d’influences

Dans le droit fil des deux articles publiés sur ce blog : Les banlieues françaises, cibles de l’influence culturelle américaine et La stratégie américaine pour influencer les minorités en France, le magazine Lyoncapitale.fr rend compte du lancement par le consulat américain de l’association « Confluence pour le Respect et la Diversité » en faveur des minorités. Ce projet provient d’un « partenariat entre la Région Rhône-Alpes et le Département d’Etat américain ». Rue89 reprend cette information dans un article au titre plus explicite : A Lyon, les Etats-Unis draguent les musulmans.

Regard de la Grande-Bretagne sur l’Allemagne. Dans un excellent article, le Monde explique l’origine du « made in Germany » qui fait la fierté des Allemands et que ces derniers doivent… aux Britanniques. En 1887, les industriels britanniques ont poussé le gouvernement à estampiller les produits allemands du label « made in Germany » de façon à détourner les consommateurs britanniques des produits allemands. Or, ce qui était un repoussoir va devenir un atout à force d’innovations : les produits allemands, ayant surpassé les produits britanniques en qualité, vont bien par la suite se différencier de ces derniers, mais désormais à leur avantage.

Novembre 2010: Vents d’Est sur le monde

La Chine vient d’annoncer la création du premier institut d’enseignement universitaire spécialement lié à la coopération commerciale sino-africaine. Cette école de commerce a été ouverte le 27 novembre dans l’Université du Zhejiang, dans l’est de la Chine. L’institut propose un cursus universitaire dans les domaines du commerce et de l’économie internationale (spécialisation Afrique), les investissements (spécialisation Afrique), le tourisme (spécialisation Afrique) et la langue chinoise et des spécialités de niveau MBA telles que la gestion publique et l’enseignement du chinois en tant que langue étrangère. Des échanges d’étudiants avec des universités africaines sont prévus. Selon le président de l’Université normale du Zhejiang, Wu Fengmin, cette nouvelle école de commerce a pour objectif « de former des talents chinois familiers de l’Afrique et des talents africains connaissant bien la Chine ».

L’UNESCO a inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité le repas gastronomique des Français. J’ai consacré une analyse détaillée aux dessous de cette histoire moins glorieuse qu’elle ne paraît dans l’article Le repas gastronomique français à l’UNESCO : un hommage aux Russes ?

Octobre 2010: Le revers de la médaille culturelle

Notons l’intense activisme de la Chine à l’étranger pour séduire les étudiants dans leur propre pays, notamment en Afrique comme le note The Economist dans Where others fear to tread (Là où les autres craignent d’aller). Contrairement aux pays occidentaux qui ont toujours été réticents face à une telle initiative, Pékin a décidé d’installer une école de commerce chinoise en Afrique, en l’occurrence au Ghana.

Dans Le Figaro, avec l’article Aider les écoles catholiques à intégrer les musulmans, vous apprendrez que certaines écoles catholiques françaises comportent une majorité d’élèves musulmans, ce qui crée des situations déstabilisantes pour le personnel enseignant. Afin d’y faire face, les écoles catholiques ont mis sur pied un groupe de travail afin de produire un document mettant l’accent sur l’approche interculturelle et interconfessionnelle. Ce document s’intitule « Musulmans en école catholique ». Vous pouvez consulter les fiches d’analyse des situations interculturelles et interconfessionnelles en suivant ce lien (pdf).

Septembre 2010: Vers la désoccidentalisation du monde

Les ports européens sont un enjeu majeur. Après les visées chinoises sur le port grec du Pirée (cf. Les Grecs parlent-ils chinois?), voici les Malaisiens et le port de Marseille. Dans la perspective de l’article précédemment publié sur ce blog Le marché des produits halal : enjeux culturels et économiques, la dimension stratégique de ce marché spécifique est très clairement apparue en septembre, comme le signale l’article du site al-kanz.org Halal en France : l’offensive malaisienne. En effet, la Malaisie, qui est un acteur majeur de ce marché, cherche depuis plusieurs années à s’implanter en France pour exporter ses produits en Europe et en Afrique du Nord.

L’Afrique reste un terrain privilégié où s’exerce la diplomatie publique. Les Chinois y développent un activisme impressionnant (voir 2010 : une nouvelle année chinoise en Afrique et Soft power chinois en Afrique). L’une de ces actions de séduction concerne les bourses octroyées aux Africains pour étudier en Chine. Il est difficile d’évaluer leur nombre, d’où tout l’intérêt de l’article How Many Africans are Studying in China? du site internet chinaafricarealstory.com. Les Américains ne sont pas en reste. Barack Obama vient ainsi d’inviter 120 jeunes leaders africains de près de 50 pays à participer à un forum à Washington.

Août 2010: Des nouvelles du front interculturel

Une réflexion menée de longue date par le Canada (voir sur ce blog l’article Le dispositif public canadien pour le management interculturel) dont le Centre d’apprentissage interculturel a mis en ligne, sous le titre La maladie mentale et la culture, un entretien avec Ethan Waters, à propos de son live Crazy Like Us : The Globalization of the American Psyche. Vous trouverez également dans le New York Times un long article d’Ethan Waters qui résume les points clés de sa réflexion sur « l’américanisation de la maladie mentale » ou comment un cadre conceptuel culturellement marqué associé à l’industrie pharmaceutique diffuse dans le monde une certaine représentation de la maladie mentale, mais aussi son interprétation, ses symptômes et ses remèdes…

Je signale deux articles un peu en marge des questions interculturelles. Sous le titre The End of Management, le Wall Street Journal a publié un article qui est en train de devenir une référence sur le questionnement managérial. Il s’efforce de penser les mutations en cours dans l’entreprise, et notamment la nécessité d’en finir avec la bureaucratie d’entreprise. Le second article provient du Quotidien du Peuple en ligne. L’auteur chinois propose d’apprendre des Etats-Unis en centrant l’approche sur les réflexions américaines en matière de stratégie : Learning U.S. makes it possible to deal with the nation.

Juillet 2010: Le monde n’est jamais en vacance(s)

Le site slate.fr a traduit de l’anglais un article intéressant sous le titre Kirghizistan : le narcissisme de la petite différence. Si cet article consacré au conflit interethnique en cours dans cette zone attire mon intérêt pour les problématiques interculturelles, c’est qu’il met en avant cette notion freudienne de « narcissisme des petites différences ». Elle apparaît dans l’ouvrage de Freud Le malaise dans la civilisation à propos des communautés limitrophes qui se moquent les unes des autres, et parfois se disputent, voire en viennent au conflit, pour de petites différences culturelles.

L’Expansion fait état des craintes des Européens qui s’inquiètent du protectionnisme chinois. Cet article doit être dégusté en entrée avant le plat principal des Echos. En effet, pour appréhender la complexité du jeu chinois et la naïveté des Européens, il faut absolument lire ensuite cet article : Comment Alstom s’est fait piéger par son allié chinois. Où vous apprendrez comment Alstom s’est fait subtiliser sa technologie par un partenaire chinois qui ensuite s’est présenté contre Alstom à des appels d’offre en Europe, qu’il a remportés et dont une partie bénéficiait de subventions de… la BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement) et de la Commission Européenne !

* * *

  • Vous avez un projet de formation pour vos expatriés, une demande de cours ou de conférence sur le management interculturel?
  • Vous souhaitez engager le dialogue sur vos retours d’expérience ou partager une lecture ou une ressource ?
  • Vous pouvez consulter mon profil, la page des formations et des cours et conférences et me contacter pour accompagner votre réflexion.

Quelques suggestions de lecture:

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*