Dans les domaines exigeant une haute fiabilité, il est impératif que tous les acteurs développent une culture de la sécurité. Or, dans la conception même de la notion de sécurité, dans l’apprentissage et la formation à la sécurité, dans l’intégration de la sécurité au quotidien d’une pratique professionnelle, dans la gestion des facteurs humains lors de situations mettant en péril la sécurité, certains facteurs culturels peuvent avoir une influence positive ou négative.
Certes, la culture n’explique pas tout et il faut se garder de ramener la complexité d’un événement à un déterminisme culturel qui est à la fois une réduction dangereuse et une stigmatisation culturelle. Mais il ne faut pas pour autant s’interdire d’intégrer dans l’analyse la question culturelle qui peut trouver sa place parmi tout un faisceau de circonstances et de causalités ayant mené à un événement dramatique.
Autrement dit, il y a tout un champ d’analyse à explorer en ce qui concerne les facteurs culturels de la culture de la sécurité. C’est à cette réflexion que je vous invite à travers un choix de cinq études de cas mises en ligne sur ce blog. La gestion des risques interculturels mène ici aux facteurs culturels de la gestion des risques…
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La thérapie du choc culturel II – Le cas de Korean Air
Comment l’une des pires compagnies aériennes au monde dans les années 90 est-elle devenue l’une des meilleures aujourd’hui ? En quoi certaines pratiques culturelles coréennes avaient un impact négatif sur la sécurité ? Et s’il a été possible pour Korean Air de changer, ne peut-on pas en tirer des leçons pour nous également ?
Le crash de l’avion présidentiel polonais: distance hiérarchique et décision absurde
La Pologne a connu un drame national avec le crash de l’avion transportant en Russie le président et de nombreux hauts responsables polonais. Ce cas illustre tout à fait les effets néfastes d’une notion particulièrement utilisée en management interculturel pour comparer les cultures managériales : la distance hiérarchique élevée. Elle est tout à fait incompatible avec l’exigence de sécurité.
Les Japonais ont peur, les Français paniquent
Quand survient la catastrophe, la réaction première des victimes et témoins n’est pas la panique, contrairement aux idées reçues. Mais la peur et la sidération. Au moment du tsunami et de l’accident nucléaire de Fukushima, les Japonais n’ont pas manifesté de panique, ce qui a frustré bien des journalistes étrangers. Mais les Français ont paniqué. Pourquoi une telle différence dans l’expression des émotions ?
Culture des catastrophes, culture des risques
Du fait de la fréquence de catastrophes naturelles dans certains pays, ces derniers ont développé une « culture des catastrophes ». Dans les pays où le désastre est exceptionnel ou rarissime, cette culture n’existe pas, d’où l’effort supplémentaire qu’il faut fournir pour sensibiliser les professionnels et le public à l’importance de la culture de la sécurité. Quelles implications y a-t-il dans la culture des catastrophes, et quelles relations avec la « culture des risques » ?
Communication indirecte et sécurité – Le cas de BP
Plus précisément, il s’agit de l’explosion en avril 2010 de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon. BP avait une culture de la sécurité défaillante, notamment en ce qui concerne le signalement et la remontée du négatif. Parmi les nombreuses causes de cette défaillance, la communication indirecte, ou plus exactement implicite, du patron de BP jusqu’en 2007 a pu avoir une influence néfaste.
Voilà de quoi réfléchir à l’impératif d’une communication directe et explicite en contexte de haute fiabilité – et aux facteurs culturels favorables ou non à une telle communication.
MàJ du 18 septembre 2013 – Pour prolonger sur cette thématique, vous pouvez désormais également frissonner en mer avec Retour sur le naufrage du Concordia: facteurs humains et culturels de la sécurité.
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Quelques suggestions de lecture:
- Gestion des Risques Interculturels – 6 articles de 2013
- Gestion des risques interculturels – 6 articles de 2012
- Le paradoxe du renseignement et le rôle de l’intelligence culturelle – entretien pour le Centre Algérien de Diplomatie Economique
- L’interculturel à travers l’histoire : 5 articles à lire à la plage ou… au bureau
- L’humour de Maz Jobrani, arme de destruction massive des stéréotypes
- Interview sur France 24: Coca-Cola, le global et le local
très attentif à vos pertinents écrits .
Impliqués dans la coordination des risques liés aux soins
je partage vos articles avec intérêt
Merci pour ce sympathique retour de lecture, Louis-Arnaud. Pour les articles sur médecine et facteurs culturels, voir ici.