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Le paradoxe du renseignement et le rôle de l’intelligence culturelle – entretien pour le Centre Algérien de Diplomatie Economique

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Voici la première partie d’un entretien pour le Centre Algérien de Diplomatie Economique qui a souhaité revenir sur la notion d’intelligence culturelle et son lien avec la question du renseignement.

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Le Centre Algérien de Diplomatie Economique : Bonjour monsieur Benjamin Pelletier, avant d’entamer le fond de l’interview, pourriez-vous vous présenter auprès de nos lecteurs ?

Je suis formateur en management interculturel depuis maintenant dix ans. J’interviens majoritairement en entreprises et il m’arrive d’enseigner dans des écoles, comme l’École Guerre Economique, dont je suis moi-même diplômé. J’essaie par ailleurs de préserver du temps – ressource rare et précieuse ! – pour écrire : j’ai publié quatre récits littéraires.

Dans l’approche traditionnelle qui reste largement prédominante, les participants aux formations en management interculturel travaillent sur les facteurs culturels à prendre en compte dans les pratiques professionnelles lorsqu’ils travaillent à l’international. Les parcours menant à la formation dans ce domaine peuvent être très variés mais on note deux constantes. D’une part, le fait d’avoir vécu et travaillé à l’étranger : en ce qui me concerne, j’ai effectué trois séjours d’expatriation, deux en Arabie Saoudite, un en Corée du Sud. C’est là une expérience essentielle pour prendre conscience des enjeux interculturels.

D’autre part, il faut avoir une approche très interdisciplinaire qui croise aussi bien l’actualité économique que l’histoire, la géographie, la sociologie, la psychologie, la religion, voire les arts et la littérature. L’objectif est de comprendre les raisons de tel ou tel comportement, de telle ou telle pratique, étant entendu que mieux on comprend, moins on juge, et plus on est apte aux ajustements nécessaires. Sur ce point, l’ancien étudiant en philosophie que je suis est resté très sensible aux apports des sciences humaines. Je pourrais ainsi résumer ces deux constantes en disant que l’approche interculturelle exige la rencontre des sciences de gestion et des sciences humaines.

CADE : En tant que fondateur du la plateforme numérique Gestion des Risques interculturels et spécialiste du sujet, quelle est votre définition de l’intelligence culturelle ?

Quand j’ai commencé les formations en management interculturel, cela faisait quelques années que j’étais diplômé de l’École de Guerre Economique et, très franchement, je pensais m’éloigner tout à fait des thématiques et de l’univers de l’intelligence économique (pour résumer : sécurité, veille, influence). Dans les formations interculturelles, on se demande en effet comment se passe une réunion avec les partenaires venant de tel pays, comment se prend une décision, quelles sont les pratiques de communication par email, quelles sont les erreurs de politesse à ne pas commettre quand on se rencontre, quelle est l’étiquette à table, etc.

Mais certains acteurs de l’international partageaient des retours d’expérience avec bien d’autres enjeux. Pour tel laboratoire pharmaceutique, il s’agissait de conquête de marché en Inde ; pour tel industriel, d’implantation en Chine ; pour tel représentant d’une institution, d’influence à exercer au sein de l’Union européenne afin de faire valoir des normes françaises ; pour tel commercial dans le domaine de l’armement, de développer de la confiance et du relationnel pour négocier sur du très long terme dans un pays du Golfe ; pour tel instructeur aéronautique, de mieux comprendre les points forts et les points faibles des étudiants chinois pour les former à la culture de la sécurité aérienne.

Là, nous n’étions plus dans le seul domaine du management interculturel. Or, chacun de ces acteurs s’interrogeait sur la manière de mieux intégrer le contexte culturel local dans le cadre de ses opérations. Il faut alors proposer une approche qui soit à la fois plus précise et plus large que les seules pratiques managériales. Je propose donc de parler d’une démarche d’intelligence culturelle comme production d’information culturelle utile à l’activité d’une organisation publique ou privée.

CADE : Quel lien existe-t-il entre l’intelligence culturelle et l’intelligence économique ?

Je vais y venir en commentant rapidement la définition donnée précédemment. […]

Pour lire la suite de l’entretien, je vous invite à vous rendre ici sur le site du CADE. Pour information, les autres sujets abordés sont les suivants :

  • Parlons de l’importance de l’intelligence culturelle dans le monde de la défense. Vous avez publié sur votre site un article en 2011 intitulé L’intelligence culturelle et les opérations militaires, une nouvelle approche du renseignement, pourriez-vous nous résumer le paradoxe du renseignement et le rôle de l’intelligence culturelle dans sa nouvelle approche ?
  • A votre avis, quelle est l’approche française en matière d’intelligence culturelle (son application en matière de diplomatie économique) ?

Enfin, si cette notion d’intelligence culturelle vous intéresse, je vous invite également à explorer la catégorie qui lui est dédiée sur ce site (voyez ici) qui comprend des analyses pour en cerner la définition, ainsi que des études de cas.

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