Analyses, Intelligence culturelle

Un pas en avant pour l’intelligence culturelle

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Publication du nouveau référentiel de l’intelligence économique

La D2IE (délégation interministérielle à l’intelligence économique, rattachée au Premier ministre) vient de publier le nouveau référentiel de l’intelligence économique sous la supervision de Claude Revel, déléguée de cet organisme en charge d’élaborer et coordonner l’action de l’Etat dans ce domaine. Le document est en accès libre ici (pdf).

Après les versions de 2006 et 2011, ce rapport, clair et détaillé, vise à « apporter un corpus de connaissances, de méthodes et de pratiques sur l’intelligence économique » au plus grand nombre. Il participe d’un effort des autorités pour définir un socle commun au monde académique et au secteur privé à partir duquel peuvent se déployer l’enseignement, la formation et les pratiques d’une intelligence économique à la française.

Les objectifs de ce référentiel méritent d’être cités intégralement :

  • « définir des concepts communs et partagés, exprimés de manière claire, entre tous les acteurs pour promouvoir l’échange sur des bases communes ;
  • constituer un outil d’organisation stratégique et opérationnel pour les entreprises et les administrations ;
  • guider les organismes de formation dans la construction d’une offre de formation au profit de spécialistes, et sous une forme adaptée, à destination de tous les cursus, sur la base d’objectifs explicites et homogènes, favorisant ainsi la cohérence au niveau national ;
  • constituer une aide au développement des métiers de l’intelligence économique ;
  • formaliser le contenu de l’École française d’intelligence économique afin de promouvoir son rayonnement dans le monde. »

Comme on le voit, la formation constitue une dimension majeure de ce rapport. Ces objectifs sont ensuite développés selon huit parties:

  1. Les fondements de l’intelligence économique
  2. Le contexte international
  3. Veille, anticipation, management de la connaissance
  4. Sécurité économique
  5. Influence
  6. Mise en œuvre de l’IE dans une entité
  7. Métiers, qualifications et compétences
  8. L’ingénierie pédagogique

Les enjeux interculturels font leur entrée

Dans la partie Sécurité économique, section Gestion des risques (p.33), on peut lire un constat inédit dans un document officiel :

  • « A l’international, l’incompétence interculturelle est un facteur de crise majeur alors qu’à l’inverse, la connaissance de la culture du pays partenaire est une prévention efficace. »

Pour ma part, c’est bien la première fois que je retrouve dans ce type de document une préoccupation qui rejoint aussi franchement et directement celle qui a été à l’origine de l’ouverture de ce blog en septembre 2009 : aborder les enjeux interculturels sous l’angle stratégique de la gestion des risques.

C’est un premier pas vers le positionnement de la compétence interculturelle sur le même plan que les compétences techniques en matière de gestion des risques. De façon générale, il y a en France un vaste effort à fournir pour mettre fin au déséquilibre entre compétences techniques et non techniques, les premières étant placées sur un piédestal au détriment des secondes. Cet effort se heurte aux obstacles qu’entraîne notre modèle universaliste – auquel il ne s’agit pas de renoncer, mais dont il faut penser les points faibles, parmi lesquels une réticence à prendre en compte les facteurs culturels, d’où une médiocre culture de l’interculturel.

Pour prolonger sur le sujet, je vous renvoie ici aux articles Compétences non techniques et innovations non technologiques et L’illusion aculturelle.

La reconnaissance de l’intelligence culturelle  

Dans la partie Ingénierie pédagogique (p.61), il est recommandé de développer un cycle spécialisé « intelligence culturelle » avec pour objectif de :

  • « maîtriser les activités à l’international et les risques liés aux questions interculturelles. »

L’intégration des enjeux interculturels dans les formations à l’intelligence économique rejoint ma conviction que ces derniers ne doivent pas être limités au seul management. L’expression management interculturel est donc trop restreinte pour inclure les questions de sécurité, veille et influence qui animent l’intelligence économique. D’où le recours à une expression à la fois plus large et plus précise : intelligence culturelle, autrement dit la capacité à identifier, collecter, analyser et diffuser de l’information culturelle dans un objectif économique.

Ce nouveau référentiel donne donc un coup de projecteur à une approche qui est plus que complémentaire de l’intelligence économique : elle en est finalement l’autre nom, de telle sorte que parler d’intelligence économique sans aborder la dimension culturelle serait appauvrir considérablement la notion dans le contexte de l’internationalisation des activités économiques et que parler d’intelligence culturelle sans faire le lien avec la sécurité et le développement économiques reviendrait à la réduire à un simple apport de culture générale.

Il faut saluer ce premier pas. Nous avons réellement besoin de développer une culture de l’interculturel consciente de son apport en termes de performance économique. Autant les spécialistes de l’intelligence économique doivent développer des compétences interculturelles, autant les experts en management interculturel doivent intégrer les problématiques d’intelligence économiques.

Pour prolonger sur ces enjeux, je vous invite à explorer la catégorie Intelligence culturelle de ce blog, et à consulter notamment les articles :

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  • Vous pouvez consulter mon profil, la page des formations et des cours et conférences et me contacter pour accompagner votre réflexion.

Quelques suggestions de lecture:

One Comment

  1. Guylaine Pelletier

    Merci pour cet article, clair et très instructif.
    Je vous rejoins totalement sur le fait qu’il reste beaucoup à faire en France sur le sujet des compétences non techniques.
    L’expression “intelligence culturelle” est bien trouvée.
    Merci
    GP

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