Cette inquiétante absence de panique des Japonais
Suite à la série de catastrophes endurées par le Japon, bien des journalistes se sont étonnés du « calme », du « sang-froid », de la « dignité », voire du « fatalisme » ou de la « résignation » des Japonais. De nombreux reportages à Tokyo provoquaient un malaise face à l’insistance des journalistes occidentaux cherchant à tout prix à débusquer une réaction de panique ou d’indignation des Japonais. Faute de ne pouvoir filmer le miroir de leurs propres peurs, certains commentateurs glissaient une remarque, un mot, une allusion qui portaient un jugement de valeur sur ce peuple trop « insouciant », trop « discipliné » ou trop « confiant » dans son gouvernement.
C’est profondément méconnaître les Japonais que d’attendre d’eux qu’ils expriment la peur qu’ils ressentent. Car ils ont peur, évidemment. Mais le rapport qu’ils entretiennent avec la peur n’est pas le même que le nôtre. Alors qu’en Occident, et particulièrement en France, nous exprimons nos craintes, les Japonais les retiennent, les contiennent, car l’expression de la peur ne fait que rajouter à la peur. Cette peur qui dans le regard apeuré d’autrui s’exacerbe comme dans un miroir grossissant, ce redoublement de la peur en elle-même, ne sert à rien. Au lieu d’apporter une solution à la peur, elle la démultiplie et la transforme en panique. La panique, c’est le sauve-qui-peut, le chacun pour soi désespéré, la fuite irrationnelle. La panique, c’est le luxe aveuglant des peuples individualistes qui jouissent d’un vaste espace pour fuir le danger. Autrement dit, c’est la peste des peuples collectivistes et insulaires.
Les catastrophes du Japon révèlent ainsi des attitudes culturelles radicalement opposées. Le 14 mars, soit trois jours après le séisme et le tsunami, le journal La Croix met en ligne un article dont le titre révèle l’incompréhension des Occidentaux :
Le journaliste aurait pu titrer : Les Japonais inquiets ne paniquent pas. Mais non, ils « refusent » de paniquer. Comme si, en cas de catastrophe, la panique était une évidence. Face à cette évidence, il y aurait un choix : accepter ou refuser de paniquer. Si les Japonais ne paniquent pas, ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas paniqués mais parce qu’ils refusent de l’être. En somme, la panique reste le référent par rapport auquel les Japonais se seraient positionnés sur le mode du refus.
Tout comme ce journaliste, tous ceux qui ont écrit sur les réactions du peuple japonais se sont étonnés de cette absence de panique. C’est qu’ils méconnaissent à la fois la culture japonaise et la psychologie des catastrophes. Car dans ces situations destructrices, la panique n’est pas la réaction des peuples, et encore moins des Japonais. Comme le rappelle un analyste dans Libération, « cette attitude digne est simplement représentative du comportement habituel des gens en situation de catastrophe collective ».
Si les peurs sont intenses du fait d’une catastrophe, le comportement n’est pas désordonné. Ainsi, selon Enrico Quarantelli, cofondateur du centre de recherche sur les catastrophes : « Durant toute l’histoire de nos recherches, portant sur plus de 700 cas, je serais bien embarrassé pour citer […] ne serait-ce que quelques manifestations marginales qui pourraient être qualifiées de panique. »
Ainsi, suite à l’ouragan Katrina en 2005, les médias et les autorités ont évoqué une zone de guerre où il y aurait crimes, viols et pillages. Or, il s’agissait là de la projection imaginaire des journalistes n’ayant pas d’accès direct à la zone sinistrée. Un mois après le passage de l’ouragan, le Los Angeles Times a fait son mea culpa en écrivant que « les viols, la violence et l’estimation du nombre de morts étaient faux». Le chef de la police de la Nouvelle-Orléans également : « Nous n’avons d’information officielle sur aucun meurtre, ni sur aucun viol ou agression sexuelle. »
Autrement dit, la panique se situe plus du côté de ceux qui observent que du côté de ceux qui subissent la catastrophe. Les observateurs projettent sur les victimes leurs craintes exacerbées par leur imaginaire.
Cette inquiétante présence de la panique chez les Français
Les Français du Japon sont pris dans une singulière double appartenance : ils sont avec les Japonais victimes de la catastrophe et en même temps ils appartiennent à un peuple observateur de la catastrophe. Mais, bien qu’avec les Japonais, ils ne sont pas japonais. Ils sont donc dans un double rapport d’étrangeté avec le calme des Japonais. D’une part, ils ne peuvent pas s’identifier totalement avec la dimension victimaire du peuple sinistré ; d’autre part, ils s’identifient en partie avec le discours alarmiste des observateurs (médias français, amis, famille en France).
Assurément, c’est une position très inconfortable car ils sont pris entre leur intimité avec les Japonais, d’où une évidente compassion pour leurs malheurs, et leur empathie avec les observateurs, d’où un sentiment de panique. Entre le calme des uns et la terreur des autres, comment régler le curseur de ses affects ? Cette question ne peut trouver de résolution qu’en se tournant vers l’autorité la plus crédible. Le fait que de très nombreux Français se soient spontanément tournés vers leur ambassade montre que cette institution n’est pas aussi inutile que certains le croient.
Suite à l’explosion survenue le matin du 15 mars à la centrale nucléaire de Fukushima, l’ambassade de France à Tokyo a envoyé un mail aux Français du Japon. Après avoir signalé que les vents soufflaient vers le sud et que les émanations radioactives pourraient arriver à Tokyo dans une dizaine d’heures, le message se poursuivait ainsi :
L’Ambassade renouvelle ses consignes :
– ne cédez pas à la panique ;
Cette injonction de ne pas céder à la panique laisse rêveur. D’abord, on se demande comment le discours impératif peut s’appliquer au registre des passions. Dans le cas présent, il s’agit d’arraisonner (ne cédez pas) ce qui est irraisonné (la panique). Voilà une injonction typique de la haute administration qui croit pouvoir tout contrôler, et notamment le facteur humain.
Ensuite, s’il ne faut pas céder à la panique, c’est qu’on présuppose que la panique est déjà là ou va bientôt être là. Pour le rédacteur de ce message, le seul registre comportemental dans cette situation ne peut être que la panique. Or, comme nous l’avons vu, il s’agit là de la réaction d’un observateur extérieur à la catastrophe, et non d’une victime ou d’un acteur. L’ambassade elle-même méconnaît la psychologie des catastrophes, ce qui est fâcheux dans un pays de tremblements de terre, tsunamis et volcans.
Enfin, l’injonction de ne pas céder à la panique ne peut avoir que l’effet inverse. Même le moins paniqué des Français ne peut que ressentir de la panique en lisant ce message. Par ailleurs, la consigne de l’ambassade prend un relief particulier à la lecture du Canard Enchaîné en date du 23 mars. En page 4 (« Désertions françaises au Japon »), on apprend ainsi que trois jours après le séisme, soit le 14 mars – et donc la veille du message de l’ambassade – le chef de poste de la DGSE, l’attaché universitaire, l’adjoint du conseiller nucléaire, ainsi qu’un quart du personnel de l’ambassade, ont quitté leur poste et pris la fuite.
Du côté des observateurs en France, on constate une rapide déconnexion par rapport au drame des Japonais et une inflation du discours alarmiste autoréférentiel. Ne pouvant mettre en évidence chez les Japonais le miroir de nos peurs, nous nous mettons à alimenter la panique en imaginant ce qu’il se passerait si une telle conjonction de circonstances malheureuses se produisait en France et en guettant anxieusement un nuage radioactif qui réveille les mémoires et les imaginaires en rappelant celui de Tchernobyl. Un des sommets de cette complaisance est atteint par un éditorial du journal Libération du 18 mars où, à la manière du « nous sommes tous des Américains » après le 11-Septembre, François Sergent écrit que « nous sommes tous devenus, d’une certaine manière, des Japonais irradiés ».
La place de l’homme dans la nature
Dans un pays marqué par son instabilité et sa fragilité, la peur est intégrée au Japon dans une logique, c’est-à-dire dans une rationalité, de la vie quotidienne. Elle est inscrite dans des procédures et dans des normes comportementales depuis la petite enfance, ainsi que le rappelle le spécialiste du Japon, Jean-François Sabouret :
« Les Japonais ne vivent pas dans une civilisation de la pierre, mais dans une civilisation du bois qui est friable et non éternel. On vit dans le recommencement permanent. Le Japonais naît avec une conscience aiguë de son environnement fragile. Dès la maternelle, des exercices de sécurité pour les séismes leur apprennent à se précipiter sous les tables, avec l’institutrice. C’est totalement intégré. »
Il ne faudrait cependant pas réduire cette intégration à une simple conscience des risques plus aiguë qu’ailleurs. Comme le précise Jean-François Sabouret, cette conscience a pour toile de fond une conception de la place de l’homme dans la nature radicalement différente de celle que nous connaissons en Occident :
« Ce qui donne dans les peintures occidentales, à partir de la Renaissance, une hypertrophie de l’homme, qui bouche le paysage, et où on voit l’ego démesuré, donne un tableau japonais où la nature s’étend sur tout le tableau et où l’homme et les personnages sont tellement minuscules qu’il faut les chercher des yeux. En Occident, on imagine dominer la nature. »
A titre d’exemples, prenons deux très belles peintures exécutées à peu près à la même période et sur un sujet proche. La première est un paysage de printemps du célèbre poète et peintre japonais Buson Yosa (1716-1783) :
La seconde est une allégorie du printemps de François Boucher (1703-1770) :
Dans la peinture de Buson Yosa, les personnages sont secondaires par rapport au paysage. Ils s’intègrent dans un ordre régi par le zen, ou le chan des Chinois. C’est cet ordre qui est avant tout le sujet du tableau où l’ampleur des éléments (montagnes, rivière, arbres, ciel et brume) prend le pas sur les activités humaines. Dans la peinture de François Boucher, les personnages sont au premier plan, le paysage en retrait, ouvert sur une profondeur mystérieuse. La scène capte l’attention, les interactions entre les jeunes gens déroulent un récit que le spectateur doit décrypter.
Tandis que Buson Yosa reproduit les forces de la nature, François Boucher exalte la poésie et la théâtralité des personnages. Cosmologie d’un côté, subjectivité de l’autre. Nous retrouvons là les fondamentaux qui nourrissent les réactions différentes des Japonais et des Français face aux désordres du monde.
La peur, un problème français
Les Japonais ne sont pas insensibles à la peur. Bien au contraire, ils ont peur en connaissance de cause. Ils savent ce qu’est la peur. Ce savoir est le résultat d’une longue fréquentation des catastrophes. Cela ne veut pas dire qu’ils ne commettent pas d’erreur mais qu’ils ont développé une capacité à contrôler leur peur de façon à ce qu’elle ne se transforme pas en panique.
On le voit avec les réactions de panique d’une partie du personnel de l’ambassade de France au Japon, les Français ont tendance à perdre pied par manque de rationalisation de leurs peurs. Supposons que la catastrophe japonaise se soit passée en France, avec un tremblement de terre en Alsace mettant en péril la centrale nucléaire de Fessenheim. Comment réagirait alors le personnel de l’ambassade du Japon ? J’ai tendance à penser que nul n’aurait quitté son poste de façon à assister au mieux les Japonais de France, et que si un seul s’était avisé de le faire il n’aurait pu réintégrer son poste comme si de rien n’était.
Le fait est que l’irrationnel prend le pas sur les procédures à suivre en cas de catastrophe en France. Car nous n’avons pas d’autre approche de la peur que sur le registre de la frayeur, ainsi qu’elle est représentée par Charles Le Brun en 1668 :
Cette dimension de la frayeur n’épuise pas le domaine de la peur. Un alpiniste qui aurait peur sur le mode de la frayeur n’aurait pas intérêt à s’aventurer en haute montagne. Il y a des peurs moins spectaculaires qui sonnent l’alarme de la raison, qui imposent un temps d’arrêt, une analyse de la situation, une recherche de solution et une prise de décision. Cette peur doit être intégrée dans de nombreuses pratiques professionnelles. Le réanimateur qui est de garde la nuit et qui doit prendre une décision seul au moment où un malade est en train de défaillir connaît bien cette peur, tout comme le pilote d’avion qui a affaire à un incident de vol.
Or, il semble que nous ayons bien des progrès à faire en la matière. Dans un entretien vidéo avec l’épistémologue Dominique Lecourt (Apocalypse now ? sur philosophies.tv), le philosophe Jean-Pierre Dupuy, dont le travail est centré sur les catastrophes, fait une remarque inquiétante à propos des ingénieurs du nucléaire en France. Il manque à ces derniers d’être « capables d’avoir peur ». Plus précisément, « ils ont peur de la peur des masses, ils ont peur de déclencher des mouvements de panique » alors qu’ « ils devraient avoir peur de leurs machines » (à 22’ de l’entretien).
Autrement dit, la peur des « nucléocrates » se trompe d’objet. A force de s’enfermer dans le mythe de l’infaillibilité – répété avec force ces derniers jours par le gouvernement et les responsables de l’industrie nucléaire – ils s’empêchent de développer une approche rationnelle de leurs propres faiblesses.
Le résultat de cette immaturité de la peur est donné par le Canard Enchaîné en date du 23 mars. Alors que « 7 sites nucléaires d’EDF, regroupant 18 réacteurs, ont été construits dans un rayon de 225 km autour de Paris », aucun plan des pouvoirs publics n’est prévu en cas d’accident grave. Les seules hypothèses étudiées sont des pollutions d’ampleur modérée exigeant l’évacuation d’une zone de 4,5, voire 10 km autour des centrales. Dans le Vaucluse où se trouvent les centrales de Cruas et Tricastin, un responsable de la sécurité civile avoue : « En cas de catastrophe, nous sommes démunis, ce serait un peu la débandade. » Autrement dit : la panique.
Enfin, je vous laisse méditer un graphique produit avec l’outil Ngrams de Google. Il permet d’établir la courbe de fréquence d’occurrence d’un terme dans les publications indexées par Google sur une période donnée. Le résultat avec les termes peur et espoir montre une inflation du premier au détriment du second, comme si l’on assistait en France à un découplage progressif et irréversible de la peur par rapport à son remède (cliquez sur l’image pour l’agrandir) :
Pour prolonger sur les facteurs culturels de la peur, je vous invite à consulter sur ce blog:
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- Vous avez un projet de formation pour vos expatriés, une demande de cours ou de conférence sur le management interculturel?
- Vous souhaitez engager le dialogue sur vos retours d’expérience ou partager une lecture ou une ressource ?
- Vous pouvez consulter mon profil, la page des formations et des cours et conférences et me contacter pour accompagner votre réflexion.
Bravo et merci pour cet article !
En espérant que de nombreux journalistes le lisent 😉
Félicitations !
C’est un article qui reflète parfaitement ma pensée et mes sentiments de la situation. On fait témoigner des anciens liquidateurs de tchernobyl qui nous disent ce qui se passe au Japon. On parle de “kamikazes” qui se sacrifient…. une vidéo circule sur facebook mettant en scène un expatrié français exigeant la vérité et en montrant des émissions de divertissement japonaise sur l’air de dire “voilà comment le gouvernement distrait sa population”…. c’est choquant pour ceux qui connaissent le Japon et les japonais. Le modèle de perception de la réalité impacté par la culture doit être identifié pour arrêter ces malentendus et cette angoisse qui s’autogénère ! Bravo !
Bonjour Benjamin,
J’ai a-do-ré “Les Japonais ont peur, les Français paniquent”.
Sa lecture est un réel plaisir intellectuel:
un croisement original d’une multitude de ressources
avec une analyse pertinente et convaincante.
Bravo!
@ Emmanuelle, Galinou & Jan, merci pour vos retours de lecture. En appui de ces quelques éléments d’analyse, vous pouvez également consulter un intéressant entretien sur le site swissinfo.ch avec Claudine Burton-Jeangros, professeur de sociologie à l’Université de Genève: Le Japon a peur mais ne panique pas
Très bon article, bravo. Continuez… vivant au Japon depuis plus de 20 ans, et vivant actuellement ce qui se passe de Tokyo (encore à ce jour), j’ai remarqué que le pragmatisme des information était un très bon moyen de contrôle ses peurs, ou du moins de repousser les limites de la peur-panique. Maintenant, il faudrait écrire un article sur le lien entre “risque vécu” et “peur”. C’est-à-dire qu’au moment ou la limite est atteinte et qu’il n’est plus possible de “cadrer” sa peur par une attitude positive par exemple, alors arrive une forme de panique intérieure, viscérale, et qui tord la réalité en quelque sorte comme un miroir qui brûle. Au niveau japonais alors se tient en ce lieu limite une extraordinaire volonté déterministe. C’est ça aussi qu’on voit actuellement dans les regards et les attitudes des Japonais, d’où ce “Shoganaï” (“on n’y peut rien”) et ce “Gaman Suru” (“il faut endurer”). Mais “Shoganai”, comme “Endurer” en la matière n’est pas une pure forme de résignation, pas du tout et c’est aussi ce qui trompe le regard occidental (extérieur, oui et très juste) : c’est plutôt une façon de ses dire : “Je n’y peux peut-être rien, mais s’il y a seulement une chance pour que je survie, alors cette chance, oui, je la prendrai… parce que c’est ça la vie”.
Merci Benjamin pour cet excellent article qui nous donne de quoi méditer. C’est un plaisir de te lire.
Merci pour cet article passionnant.
Je signale également un article très intéressant du Monde Diplomatique: L’Apocalypse japonaise expliquée à l’Occident. En voici deux extraits:
Au lendemain de la tragédie qui a frappé le Japon, les médias occidentaux se sont émerveillés devant les foules tokyoïte cheminant en bon ordre au soir du séisme, l’absence de manifestations de désespoir et les larmes toujours contenues. On a parlé de stoïcisme, de dignité, de fatalisme, de tabou… Cette attitude a été attribuée à l’entraînement (« tous les écoliers japonais apprennent ce qu’il faut faire en cas de tremblement de terre »), à l’habitude (« au Japon, les colères de la nature font partie de la vie ») et parfois à la manipulation (« les médias cachent le plus horrible »).
Depuis un siècle, le Japon a connu 119 séismes d’une magnitude supérieure à 6, dont 65 meurtriers, notamment à Tokyo (140 000 morts, 1923), dans le Sanriku (3064 morts, 1930), à Fukui (3800 morts, 1948) et à Kobé (6437 morts, 1995). La population, coincée sur la frange côtière d’un archipel accidenté, n’a jamais eu d’autre choix que de reconstruire sur place. Elle y a toujours réussi. L’Archipel détient une expérience inégalée en matière de cataclysmes, mais il ignore cette fin du monde que le christianisme promet à l’humanité. Le bouddhisme n’en menace pas ses fidèles et le shintô est tout entier centré sur le cycle de la vie. Face à l’Apocalypse chrétienne, l’homme ne peut rien, et elle ne promet de résurrection qu’aux croyants, dans un autre monde. L’apocalypse made in Japan porte en germe un avenir qu’il revient aux hommes de faire lever.
Merci pour cette analyse implacable, sans compromis et néanmoins parfaitement claire et bien documentée. Qu’elle soit largement diffusée et que notre pays, ses habitants ET ses médias s’en inspire pour se remettre en question.
Bravo et merci! La comparaison est en effet très intéressante à ceci près qu’il n’est jamais fait part du rôle de la presse. Or, il est à mon avis très important: en France, les journalistes se font concurrence à qui montrera les choses les plus horribles, quitte à en inventer parce qu’ils sont finalement des marchands de papier et probablement estimés que par rapport aux tonnes de papier que leurs articles ont permis de vendre et le pire, c’est que les gouvernements les y encouragent en compensant leur manque de succès par des subventions … Ainsi va le monde.
Article remarquable!!!
1000 mercis!
Très brillant, très clair cet article explique bien le problème des Français face a la peur et le traitement douteux de la catastrophe japonaise par tous les médias français.
merci et continuez
Une étonnante synchronicité… Je viens de publier un article sur mon blog relatif à la culture de la peur en France notamment à la vue des résultats du premier tour de l’élection présidentielle. http://www.equanimityexecutive.com/fr/the-politic-of-fear-and-the-french-presidential-elections. J’ai beaucoup apprécié votre article, il servira de référence à un autre article que je souhaiterais écrire sur la Peur dans nos nations occidentales qui amènent à la division et à l’acceptation des restrictiosn individuelles. Je suis Global Leadership & Expat Coach. J’accompagne les individus et les organizations à prendre conscience des différentes réalités, de leur choix et de leur potentiel afin de surmonter leur peurs et accomplir leur projets personnels, professionnels et organizationnels. Votre blog est très intéressant. Merci
Je viens de découvrir cet article très intéressant, qui m’inspire une réflexion : les médias français ont insinué à l’époque que le gouvernement japonais minimisait l’impact de l’accident nucléaire de Fukushima et en cachait l’impact aux populations. Il s’agit là d’une projection : c’est ce qui s’est passé en France lors de l’explosion de Tchernobyl !
On a dit aux Français que le nuage radioactif s’était arrêté à la frontière (allemande, belge …) !!
Les mécanismes psychologiques que votre article met en lumière permet de mieux comprendre les ressorts de ces réaction, y compris les abandons de poste à l’ambassade de France au Japon.
Merci de votre analyse.
Bonjour,
l’article est intéressant sur le ressenti des Japonais et des Français, mais je pense qu’il faut nuancer un peu les propos des journalistes. Les Japonais savent pertinement que malheureusement ils vivent sur une île régulièrement touchée par des catastrophes (séismes, tsunami, typhons). En France par chance nous ne sommes pas confrontés à de tels catastrophes naturelles.
Par contre, je me souviens qu’en 2004 quand certaines banlieues françaises etaient touchées par des mini-émeutes, les Japonais étaient affolés et avaient vraiment peur! donc la peur existe quand meme. Ma belle-famille japonaise était en panique et nous demandait si nous n’avions pas peur alors que nous habitions dans la campagne.
@FLorence – Comme il est noté dans l’article, les Japonais ont effectivement peur mais le mode d’expression de la peur n’est pas tout à fait du même ordre que les Français. Sur la culture des catastrophes au Japon, je vous invite à consulter l’article: Culture des catastrophes, culture des risques.
J’ai eu la chance de vivre 10 ans au Japon entre 1970 et 1980, j’ai travaillé dans un restaurant à 20m sous terre (4étages). Jamais je n’ai ressenti une crainte ou frayeur d’être ainsi sous terre, nous avons eu durant cette période des petits tremblements de terre mais cela faisait partie de la vie et nous n’en parlions jamais. Mais si je trouve l’article extraordinaire, il n’est pas mentionné que le Japon même à cette époque avait le plus fort taux de cancers et autres maux à l’estomac causés par le stress qu’ils savent plus ou moins renfermé, leur vie à cette époque n’était faite que de contraintes, travail avec les échelles de valeur, transports deux heures en moyenne du travail, habitation petite et en cohabitation…..Mais ce fut les plus belles années de ma vie. Sayonara