Points de vue

Parution : « Les Années discrètes » – exploration littéraire de l’enfance

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Aujourd’hui paraît aux éditions Arléa mon quatrième ouvrage intitulé Les Années discrètes, Territoires de l’enfance.

Retour aux sources

Après une douzaine d’années de gestation, une année de préparation et six mois d’écriture, voici donc un récit d’apprentissage qui se déroule durant les dix premières années de la vie.

Dans cette exploration de l’enfance,

… vous visiterez différentes régions de France.

Vous croiserez de grands méchants loups,

… et vous rencontrerez des hommes préhistoriques.

Vous apprendrez à vous méfier du cassoulet tueur,

… et vous ferez une mauvaise rencontre à la piscine.

Vous retournerez à l’école sans vous plaindre,

… et vous apprendrez combien font 7 fois 8.

Vous verrez la Vierge mais en plastique,

… et vous apercevrez une farandole de seins.

Vous saluerez Monet, Cézanne, Turner, La Boétie, Montaigne, Rousseau, Hugo, Flaubert, Maupassant, Verlaine, Leopardi, Pérec – et bien d’autres.

Et vous découvrirez une multitude d’anecdotes, observations, réminiscences, réflexions, dont la lecture réveillera en vous l’étonnement de l’enfance, cet acquiescement au monde qui seul permet de s’en émerveiller.

Vous réaliserez alors ce que nous devons aux paysages français, à l’histoire du territoire, à l’influence des contes et des mythes, aux premières expériences et aux étapes initiales de la construction de soi.

Ces dix premières années de la vie sont discrètes, oubliées en partie, et pourtant fondatrices de ce que nous sommes, en réalité présentes pour la vie : loin d’être reléguées dans le passé, elles ont de l’avenir.

Une rencontre, une lecture et un verre

Jeudi 12 avril à 20h30, je présenterai l’ouvrage et en lirai des extraits à la librairie Équipages, 61 rue de Bagnolet à Paris, métro Alexandre Dumas (ligne 2).

Ce sera l’occasion de se rencontrer et de boire un pot à nos meilleurs souvenirs d’enfance !

Un extrait

Les premières années, le mystère est partout. Ce qui nous environne se résume à un immense point d’interrogation démultiplié en points d’interrogations secondaires qui chacun explosent en une multiplicité d’autres points d’interrogation. Il y a l’intrigante absence de jeu dans les occupations des adultes, les lieux inconnus partout autour de soi, des au-delà – rues, bâtiments, frontières de la ville, masse sombre des premières collines visibles par la véranda du balcon –, les objets qu’on ne sait pas utiliser, des choses aux propriétés fantastiques – l’interrupteur de la lumière, les flammes bleues de la gazinière, la machinerie fumante et glougloutante de la cafetière, l’énormité métallique de la voiture –, mais surtout il y a les mots qu’on ne comprend pas, que rien ne vient relier à la réalité, sinon la pensée analogique qui à cet âge tient lieu de réflexion. La migraine devait être une mauvaise graine aux effets terribles pour la tête ; les impôts sonnaient à l’oreille comme des pots à l’envers, tristement percés, par où fuyait l’argent du foyer ; une compagne était assurément une campagne plus douce, une pelouse au lieu d’un pré d’herbes folles ; les faits divers, rubrique du journal télévisé annoncée avec gravité par la présentatrice, suscitaient la perplexité, et même l’amusement, lorsque ces faits d’hiver avaient lieu en été ; un artichaut pouvait curieusement se manger froid ; le géranium serait une sorte d’aluminium. Les parents font leur travail, ils rectifient ce qu’ils indiquent être des erreurs, ils précisent ce qu’il faut dire, ils montrent ce qu’il faut voir, et l’enfant renonce comme à regret de croire qu’un neuf est pondu par un oiseau.

Félix Vallotton, Le ballon, 1899 – tableau dont une partie illustre la couverture du livre

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