Le Dr. Franck Scola vient de publier Comprendre et Accompagner l’enfance bilingue (Bookelis, Collection Copernic, distribué par Hachette). Cet ouvrage est le fruit de plusieurs années de recherche, de réflexion et de pratique médicale.
Je l’ai lu avec grand plaisir et beaucoup d’attention, et le Dr Scola a bien voulu répondre à quelques questions sur ce sujet passionnant. Je l’en remercie vivement.
Vous pouvez vous procurer son livre chez votre libraire de proximité, auprès des relay Hachette et via Internet aux liens suivants : site de l’Editeur Bookelis, FNAC, Amazon, Decitre.
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La diversité des situations de bilinguisme
Benjamin Pelletier – L’un des mérites de votre ouvrage est de remettre en question bien des idées reçues sur le bilinguisme. Vous indiquez par exemple que le bilinguisme équilibré est extrêmement rare et que « le bilinguisme ne s’apparente pas à deux monolinguismes en une seule personne » (p.111). Finalement, comment distingue-t-on les différentes situations d’enfance bilingue ?
Dr. Franck Scola – En effet, il m’est paru prioritaire de déconstruire les idées reçues sévissant sur le thème de l’enfance bilingue. C’est pourquoi la première partie de l’ouvrage comprend de nombreuses définitions et des précisions notionnelles.
Il était notamment important de commencer par définir les diverses formes de bilinguisme et d’en dresser sa typologie. Comme vous le soulignez, j’ai rappelé en liminaire le fait qu’un individu bilingue ne parle pas parfaitement chacune des langues, et ne possède pas non plus une égalité de compétence dans les deux langues. Le bilinguisme équilibré n’existe donc pas dans l’usage, car il existe toujours une dominance d’une langue sur l’autre, parfois dépendante du contexte (familial ou professionnel), du registre (soutenu, courant ou familier), ou de la période de la vie en fonction de l’exposition plus ou moins prolongé à l’une des langues.
Les situations de bilinguisme se distinguent grâce à une classification selon les critères suivants : chronologie d’apprentissage de chaque langue (bilinguisme précoce ou tardif, simultané ou consécutif), aptitude à comprendre sans parler l’une des langue (bilinguisme passif), aptitude à parler les deux langues (bilinguisme actif), lien entre la parole et la pensée dans chaque langue (bilinguisme coordonné ou composé), effet du bilinguisme sur la compétence communicative (bilinguisme additif ou soustractif). Et puis, ce qui importe chez l’enfant bilingue, outre sa performance langagière (dans le lexique, la syntaxe, la grammaire et la phonologie), c’est sa bilingualité, c’est-à-dire sa façon de vivre son bilinguisme. Celle-ci prend en compte son fonctionnement enfantin, son développement affectif et identitaire, son affiliation culturelle, mais aussi son histoire singulière et familiale, ses éventuelles expériences migratoires et son origine socio-intellectuelle. Il existe autant de types de bilingualité que d’individus bilingues.
BP – Dans le cas de couples mixtes, leurs enfants apprennent généralement la langue de chacun des parents, la langue de la mère et la langue du père. Mais, comme vous venez de le signaler, une langue domine généralement l’autre, par exemple parce que la famille vit dans le pays de l’un des deux parents et que l’enfant est exposé plus fortement à la langue de ce pays. N’y a-t-il pas un risque que ce phénomène déséquilibre la famille, autrement dit que l’enfant se sente plus proche du parent dont il maîtrise mieux la langue ?
Dr. FS – Dans un couple mixte, la relation amoureuse est particulièrement agrémentée de passion et de curiosité mutuelle. Jusqu’à la naissance du premier enfant ! Car cet événement fait souvent surgir une rivalité sur la transmission linguistique et culturelle au descendant. L’enfant est le corollaire biologique de l’union entre un père et une mère de langues et de cultures différentes. Le choix d’une éducation bilingue et biculturelle n’est que facultatif. Une inégalité de transmission de chacune des langues et cultures est inévitable. Comme toujours, chaque conjoint devra faire preuve de concession, d’adaptation et de psychologie envers l’autre, aussi et surtout dans le projet éducatif en faveur de leur enfant.
Dans mon livre, j’ai distingué deux circonstances à ce sujet: les couples mixtes résidant dans le pays de l’un des deux conjoints, et ceux établis dans un pays tiers. Dans un cas, un seul parent est étranger, sa langue est étrangère sur le sol habité, et donc seulement optionnelle. Dans le second cas, les deux parents sont étrangers, donc le choix entre trilinguisme, bilinguisme et monolinguisme résultera du consensus parental sur la place de chaque langue dans l’éducation de l’enfant. Les tiraillements subis par l’enfant que votre question suggère doivent être anticipés, analysés et raisonnablement mis en balance par les adultes. Il est vrai qu’entre un parent et un enfant partageant la même langue parlée, les implicites, les non-dits et les tabous pourront plus facilement être exprimés, d’où une meilleure connivence favorisant la proximité affective. Mais en contexte intrafamilial, les bricolages linguistiques et les remaniements culturels participent à harmoniser les relations entre chaque membre et leur positionnement respectif avec son propre statut linguistique et culturel.
BP – Je vais vous raconter une anecdote personnelle. Il y a quelques années, j’étais expatrié en Arabie saoudite. Pendant une durée assez longue, je n’ai plus parlé qu’en anglais, aussi bien au travail que durant les loisirs. Je me suis mis à penser en anglais, et même à rêver en anglais. Et je me souviens d’un moment de vive inquiétude, même de panique, quand j’ai eu l’impression d’être en train de “perdre” le français. Cette angoisse peut-elle se retrouver chez de jeunes enfants bilingues, par exemple nés à l’étranger, arrivant en France suite à un retour d’expatriation des parents et n’ayant plus l’occasion de parler la langue locale du pays de leur naissance ?
Dr. FS – Merci pour ce témoignage très significatif, permettant de comparer le comportement langagier d’un adulte à celui d’un enfant. Lors de votre séjour prolongé, votre exercice langagier du français s’étant raréfié, votre compétence communicative a diminué. Cette régression a pu affecter votre stock lexical, l’organisation de votre syntaxe, la maîtrise des règles de grammaire ainsi que vos traits phonologiques (prononciation, accent et intonation). C’est surtout la mémoire immédiate qui est en cause dans ce phénomène, et les manifestions langagières s’observent dans les automatismes ou encore dans la spontanéité pour construire des phrases. Le fait que ce soit le français, votre langue dite maternelle, qui subisse cette érosion vous a d’autant plus inquiété qu’il s’agit de la langue officielle du pays dont vous portez la nationalité.
Le sentiment que vous confiez avoir ressenti, et que vous définissez comme une « angoisse », est à rattacher à la place que vous donnez à la langue, à sa représentativité du groupe national auquel vous êtes affilié, et de surcroît à votre souci de conserver ce trait identitaire. La représentation mentale d’une langue se forge très tôt dans la vie, elle est certes présente chez l’enfant. De même, l’association du langage à l’appartenance à un groupe (familial, national, régional, social, etc.) est conscientisé dès le début de la vie.
Enfin, pour répondre concrètement à votre question, les enfants étrangers résidant sur le sol français réalisent rapidement qu’ils sont assujettis au risque d’attrition de leur langue d’origine, c’est-à-dire à la perte des habiletés de compréhension et de production. Cette prise de conscience n’occasionnera pas d’anxiété chez tous les sujets. Selon la stratégie identitaire vécue dans le foyer où évolue l’enfant, on donnera plus au moins d’importance à la préservation du bilinguisme familial. La perspective d’un retour dans le pays d’origine constituerait un besoin vital pour le maintenir.
Construction identitaire et interculturalité
BP – Et qu’en est-il de la proximité ou de la distance linguistiques des langues de l’enfant bilingue ? Avez-vous constaté des défis particuliers pour un enfant qui parlerait, par exemple, français et espagnol (d’où peut-être un risque de confusion : prendre un mot pour un autre, un masculin pour un féminin ?) ou bien qui parlerait français et japonais ?
Dr. FS – Dans son développement langagier au contact de deux langues, l’enfant présente successivement une phase réceptive (où il écoute et s’efforce de comprendre les mots de chaque langue) et une phase productive (où il prononce les mots, puis compose les phrases grâce à une répétition de tentatives, d’erreurs puis de réajustements). Au cours de la phase réceptive, le nourrisson emmagasine en vrac tous les énoncés entendus (mots ou expressions) dans chaque langue, sans les apparenter à l’une des deux. Puis un cloisonnement s’opère, chaque mot est relié à une langue, chaque langue est reliée à des contextes ou des interlocuteurs.
Chaque langue coexistant chez l’individu peut avoir une influence sur l’autre, surtout si ces deux langues sont voisines (italien/portugais, néerlandais/français, par exemple) car le cloisonnement est moins évident étant donné qu’une langue sert de référence à l’autre en ce que les deux sont ressemblantes. Plus elles présentent de similitudes, plus les manifestations transcodiques (mélanges entre les langues) seront fréquentes dans le phrasé du locuteur bilingue, surtout en phase de développement langagier (dans les six premières années de vie). Ces manifestations transcodiques peuvent s’observer dans le lexique (« ma teacher est gentille »), de la syntaxe (« je suis cinq ans »), de la grammaire (« Papa est conduisant sa voiture »), ou de la phonologie (accent étranger).
BP – La langue n’est pas une simple boîte à outils. Vous précisez régulièrement combien elle porte avec elle des valeurs et représentations. Il y a aussi dans votre livre le cas de la petite « Viola » qui, lorsqu’elle se met à parler en italien, adopte une intonation et un langage corporel qu’elle n’a pas lorsqu’elle parle en français. Est-ce que le bilinguisme de l’enfant entraîne une souplesse interculturelle ?
En effet, la langue n’est pas seulement ce code d’intercompréhension extrêmement sophistiqué et assujetti à des règles. Il s’agit aussi d’un bien culturel, d’un lien communautaire, d’un véhicule d’affects, le verbe exprime au moins autant de non-dits que de dits. D’où l’apport très riche de la psycholinguistique et de la sociolinguistique pour compléter la linguistique qui se cantonne à l’étude des mécanismes de la langue. A chaque mot ou énoncé dans une langue, le sujet y associe une idée ou une émotion qui lui sont propres. C’est ce qu’ont permis d’étudier la psychologie développementale, la pédopsychiatrie et, plus récemment, les neurosciences. L’enfant possède très tôt l’aptitude de contextualisation linguistique, associant chacune de ses langues parlées à des personnes (par exemple la famille maternelle), une situation (le bain, le jeu, le repas, la querelle…), un registre (familier, courant ou soutenu).
La petite Viola, quatre ans, dont la mère est italienne et le père britannique, vit en France. Dans son trilinguisme précoce, on observe un choix de sa langue, non seulement selon les interlocuteurs mais aussi selon le sujet abordé et le ton de l’échange. Sa prosodie (manifestations corporelles associées au langage verbal) n’est pas la même dans son discours dans les trois langues. Chez elle, c’est en italien qu’elle est la plus exclamative et que ses mains et sa mimique participent le plus à son expression. Ainsi, le comportement langagier est très tôt marqué sur le plan culturel et sociologique.
BP – Peut-on ou doit-on en conclure à une souplesse interculturelle ?
FS- Pas forcément. Bien que ce lien entre langue et culture soit ancré très tôt dans le développement langagier et dans la socialisation, ceci ne confère pas systématiquement ce que vous nommez ici « souplesse interculturelle ». Certes, un bénéfice du plurilinguisme est l’acquisition d’un plus grand sens du relatif, dans la mesure où chaque apprentissage étant abordé dans deux langues, il est appréhendé sous deux points de vue culturels différents. Cependant, le lien entre langue et culture n’est pas constant. Et puis, la langue dominante d’une personne ne correspond pas invariablement à sa culture dominante (à l’instar de Lawrence d’Arabie). Autre contre-argument, le choix d’un plurilinguisme optionnel dans une famille peut être motivé par la volonté d’exalter une identité, de se distinguer du groupe, voire de s’en isoler. C’est notamment le cas des enfants de militants régionalistes, nationalistes, séparatistes ou indépendantistes dans différentes régions du monde. Sans affirmer que cette quête d’enracinement soit un obstacle volontaire aux ponts interculturels, elle n’en est pas moins une intention de serrer les rangs d’une communauté qui s’affirme par sa langue différente de celle majoritaire dans l’environnement.
BP – Ce dernier cas est très instructif. Il suppose que le plus important dans la plurilinguisme reste le projet qui le sous-tend. J’ai pour ma part le souvenir d’un diplomate français parfaitement arabophone, qui venait de prendre son poste à l’ambassade de France à Riyad. Le premier jour de son affectation, il a été présenté aux autorités locales et il a fait un discours en arabe beaucoup trop long, et surtout cherchant à montrer et à démontrer à ses interlocuteurs qu’il connaissait mieux que les locaux leur contexte local, national, géopolitique. L’a priori d’excellence venant de la part de ce diplomate l’a décrédibilisé pour les trois années de son affectation.
Voilà qui renforce l’idée que savoir (une langue, un contexte culturel) n’implique pas savoir-faire (compétence interculturelle). Ce constat se retrouve dans une phrase qui m’a marqué dans votre livre : « La maîtrise d’une langue internationale ne rend pas la personne internationale. » (p.201)
Par ailleurs, le revers du bilinguisme de l’enfant n’est-il pas le risque d’un déchirement identitaire à l’adolescence et à l’âge adulte ? Je pense notamment au cas d’un enfant dont le père serait marocain et porteur de certaines valeurs traditionnelles liées aux devoirs familiaux et à la religion musulmane, et la mère française, plus marquée par un contexte individualiste et sécularisé.
Dr. FS – En effet, l’adolescence est une période de fragilité, marquée par des tourments autour de l’identité. Rappelons toutefois que la construction identitaire débute dès la petite enfance, et non à l’adolescence, notamment avec l’acquisition du langage oral dans une ou plusieurs langues, synonyme de l’entrée dans un groupe (caractérisé par un lexique, des locutions typiques, un accent, une gestuelle, etc.). Mais c’est dès la préadolescence que l’appartenance au groupe, l’identité, n’est plus seulement une problématique mais un éventuel problème. Les remaniements narcissiques qui s’opèrent font qu’en cette étape le développement de la personne est influencé par le regard des autres. L’exemple que vous citez, celui d’enfants de couples mixtes vivant dans le pays d’un des conjoints n’est qu’un cas particulier. La stratégie identitaire du foyer, puis celle choisie par l’adolescent consistera à trouver un épanouissement dans son milieu et à son époque. Le langage étant un signe identitaire fort, l’individu développera alors plus ou moins telle langue. Il pourra en délaisser la langue de son parent étranger s’il se place dans un dessein assimilationniste ou intégrationniste. Au contraire, il pourra exalter cette langue familiale par des emprunts (mots ou énoncé d’une langue étrangère dans un discours prononcé dans la langue majoritaire).
Les obstacles à la prise en compte du bilinguisme
BP – Vous insistez à plusieurs reprises sur le risque assez courant de diagnostics erronés en ce qui concerne les troubles du langage. Les défis particuliers liés au bilinguisme semblent peu pris en compte par le personnel enseignant ou médical en général. Quelles en sont les raisons ?
Dr. FS – D’une part, les spécificités développementales propres à l’enfant qui grandit avec plusieurs langues ne sont pas enseignées dans le cursus de formation de ces professions. Communément, l’élève ou le patient bilingue est pris en charge comme un monolingue, avec accessoirement quelques adaptations improvisées par l’enseignant ou le soignant. Je parle d’improvisation car en l’absence de consensus, chaque acteur se base sur sa « culture générale », son expérience personnelle, des lectures de publications dans lesquelles les versions sont très variables, voire contradictoires.
Certains enseignants, orthophonistes, psychologues ou médecins sont conscients de cette carence dans la formation basique et de la nécessité de la compléter. D’autres sont persuadés de pouvoir se former « sur le tas ». A l’issue de mes séances de formation, beaucoup avouent ne pas avoir réalisé auparavant combien les notions relatives au développement de l’enfant en contexte bilingue sont cruciales, et qu’ils avaient jusqu’alors négligé de s’en affranchir. Votre attention a été attirée par le risque des diagnostics abusifs de troubles du langage. Il s’agit en effet d’une déplorable illustration de l’insuffisante prise en compte des spécificités développementales des enfants bilingues. Leurs conséquences peuvent être si graves que c’est avec alarmisme que je les ai pointées dans plusieurs chapitres du livre.
BP – Vous évoquez ainsi le cas des orthophonistes peu formés à la prise en compte du bilinguisme. Il y a même une résistance de la part de cette corporation, une résistance qui, cependant, est en train d’être entamée par l’intérêt des étudiants en orthophonie pour cette problématique. Vous y voyez un signe positif des évolutions en cours. Mais il semble qu’on ait pris bien du retard. D’où peut venir ce frein ?
Dr. FS – Tout d’abord, à leur décharge, les orthophonistes français n’ont pas la possibilité légale de se spécialiser. Certains peuvent développer des compétences plus approfondies dans un domaine (bilinguisme, séquelles de maladie neurologique, adultes, enfants,…), ou travailler dans des centres spécialisés (pédiatrie, neurologie…), mais la majorité exerce en mode libéral, et à ce titre ils sont généralistes. En outre, les offres de formations sont rares dans le champ du bilinguisme. Et puis, leur activité est souvent si intense qu’elle laisse peu de temps à la formation continue. Reconnaissons-le, il existe aussi pour certains de ces professionnels une moindre reconnaissance de la nécessité de se former dans ce domaine.
Toutefois, un nombre croissant d’étudiants en orthophonie choisit des sujets autour de l’enfance bilingue dans le cadre de leur mémoire validant leur diplôme. Toutefois, leur cursus de formation ne comprend pas d’enseignement consacré à l’orthophonie en situation de bilinguisme. Ils le déplorent et en sont demandeurs. C’est ce qui est régulièrement exprimé dans leurs mémoires, et ceux-ci constituent quasiment la seule littérature scientifique sur l’orthophonie à l’épreuve du bilinguisme. Les références bibliographiques à partir desquelles ils travaillent émanent en général d’autres disciplines, telles que la psycholinguistique, la sociolinguistique, la psychologie développementale, les neurosciences ou encore les sciences de l’éducation. Cette complémentarité des disciplines est le propre de l’approche interculturelle qui a longtemps manqué à l’école française de linguistique. Ceci me parait regrettable car je considère le français Ferdinand de Saussure comme le père de cette science.
BP – Nous voyons donc qu’il existe des freins français à la prise en compte du bilinguisme et que votre travail permet à la fois d’en prendre conscience et d’ouvrir des pistes pour en tenir compte à l’avenir. Qu’en est-il dans d’autres pays ?
Je dirais que, pour des raisons différentes, cet obstacle existe aussi en Grande-Bretagne pour la profession de speech therapist (proche de l’orthophoniste sans être son équivalent) et en Italie chez la logopedista, bien que la survie des langues régionales soit une circonstance de bilinguisme précoce fréquente. Ces pays ont en commun de n’avoir qu’une langue officielle. Par ailleurs, la francophonie et l’anglophonie sont si répandues dans le monde et dans les secteurs d’activité mondialisés que la nécessité d’entretenir un bilinguisme y est peu encouragée. En comparaison, dans les pays de tradition bilingue ou plurilingue, les acteurs se montrent mieux préparés. En Belgique par exemple, les thérapeutes du langage prennent d’emblée en compte dans leur anamnèse le statut monolingue ou plurilingue du patient pris en soins.
BP – Docteur Scola, je vous remercie vivement d’avoir partagé ces nombreuses et riches réflexions.
Franck Scola est médecin, médiateur interculturel certifié, diplômé en psychiatrie transculturelle. Auteur d’études sur les questions médicales en situations migratoires et transculturelles, c’est dans ce cadre-là qu’il s’est intéressé aux aspects développementaux propres aux enfants bilingues dans des travaux l’associant aux parents, enseignants, orthophonistes et psychologues.
Enseignant à l’université de Paris Dauphine, en IFSI, il est aussi consultant-formateur auprès des professionnels des RH, de la Santé et de la Mobilité Internationale sur le thème santé et sécurité des familles expatriées. Membre du SIETAR (Société pour l’Education, la Formation et la Recherche Interculturelle) et de l’AIEP (Association internationale d’Ethnopsychanalyse), il mène une triple activité de soins, de recherche et de formation.
Pour prolonger, je vous invite à consulter un autre entretien avec le Dr. Scola publié sur ce blog sous le titre La santé des expatriés à l’épreuve des risques interculturels.
Quelques suggestions de lecture:
- Les vidéos interculturelles de l’été (5) : l’Inde
- Les vidéos interculturelles de l’été (4) : la langue anglaise
- Les vidéos interculturelles de l’été (3) : le langage corporel
- La santé des expatriés à l’épreuve des risques interculturels
- Liste de tous les articles publiés
- Profil de l’expatriation en France
Très intéressant. J’ai fait suivre cet article à un neveu qui élève ses 2 enfants avec 2 langues Papa parle français, maman anglais.
Bonne journée
Comme toujours Benjamin, tes articles sont excellents. Bravo ! très intéressant pour nous qui élevons nos enfants et petits enfants en plusieurs langues, au tout au moins nous essayons de promouvoir ce bilinguisme et multilinguisme…
Un abrazo fuerte desde México DF
Catherine
Je rejoins les commentaires précédents.
Article fort intéressant, que je divulgue auprès des parents d’élèves et enseignants d’une école française en Espagne.
Merci.
GP
Bonjour,
Très intéressant article de Benjamin et Franck qui me rassure sur le multilinguisme et le bilinguisme, sachant que l’on peut l’être de différentes façons et à différents niveaux. C’est en effet un constat en ce qui me concerne. C’est toujours bien de lire les mots correspondant à un vécu et à un ressenti.
Petite précision : le néerlandais et le flamand ne sont pas 2 langues différentes. Le néerlandais est l’une des 3 langues officielles de la Belgique (avec le français et l’allemand) et la langue officielle des Pays-Bas.
Très bonne continuation !!
Nadine
@Nadine – Merci pour ce retour sympathique, et d’avoir signalé cette coquille: il fallait bien sûr lire néerlandais/français. C’est corrigé à présent!